Uncategorized

FORUM INTERNATIONAL SUR LA PRÉVENTION ROUTIÈRE A BAMAKO

En prélude au démarrage des travaux du forum international sur la prévention routière à Bamako, qui est imminent, je me fais l’écho des opinions concordantes selon lesquelles la route est un puissant levier du développement. L’amélioration des infrastructures routières, la qualité des moyens de transport et la conduite des usagers sont déterminantes dans la réalisation du bien-être de l’individu et du groupe.

La République du Mali a consenti d’importants efforts financiers pour se doter d’infrastructures routières de qualité, supports indispensables du développement durable. Le Mali dispose en effet d’un patrimoine routier de plus de 25 692 km de routes aménagées sur le réseau classé, dont 6 511 km de routes revêtues, soit 25,34% du réseau, et 19180 km de routes en terre moderne et de pistes améliorées, soit 74,66%. 

Le développement et la préservation de ce patrimoine routier, inscrits en droite ligne de la Politique nationale des transports, des infrastructures de transport et du désenclavement (PNTITD), permettront d’accroître la mobilité des populations grâce à la motorisation des transports. Le véhicule, autrefois considéré comme un luxe pour tant de citoyens, est devenu un moyen de déplacement accessible à chaque personne selon ses moyens.  

L’accroissement spectaculaire de la motorisation, la forte croissance démographique et l’urbanisation galopante contribuent malheureusement à la multiplication des risques inhérents à l’usage de la route. L’utilisation exponentielle d’engins à deux ou trois roues, consécutive à l’insuffisance des moyens de transport de masse adéquats, reconfigure les statistiques des accidents de la circulation routière. Les victimes de ces accidents se retrouvent davantage dans la catégorie des jeunes actifs (18 à 30 ans) et dans les rangs des usagers les plus vulnérables que sont les piétons, les personnes âgées et les enfants. 

Le non-respect des conditions de la circulation fixées par la réglementation, dû au déficit d’éducation et de sensibilisation à la sécurité routière, engendre un accroissement inquiétant du nombre des accidents de la route, qui occasionnent de fréquentes pertes en vies humaines, de nombreuses blessures, souvent très graves, et d’importants dégâts matériels.

Les statistiques des trois dernières années présentent un intérêt significatif pour l’accidentologie. En effet, le nombre d’accidents de la route s’élève :

– en 2020 : à 9309, dont 8231 blessés et 622 tués ;

– en 2021: à 10614, dont 9 085 blessés et 736 tués;

– en 2022 : à 8 189, dont 8 297 blessés et 684 tués.

Par leur fréquence et leur gravité, les accidents de la circulation routière sont devenus une préoccupation majeure pour les pouvoirs publics. A cet égard, le Gouvernement de la République du Mali a adopté, en 2021, la Stratégie nationale de la Sécurité routière 2021-2030, assortie d’un plan d’actions 2021-2025, conformément à la Charte africaine sur la sécurité routière qui invite, à son article 6, « les Etats- parties à élaborer, moyennant un processus inclusif, coopératif et consultatif, des stratégies de sécurité routière avec des priorités, des responsabilités claires ainsi que des objectifs ambitieux et réalistes »

La Stratégie nationale de Sécurité routière repose sur une approche du « système sûr », en concordance avec les lignes directrices du Fonds mondial de la sécurité routière de la Banque mondialeet le contexte de la Troisième Conférence ministérielle mondiale sur la sécurité routière, tenue les 19 et 20 février 2020 à Stockholm, en Suède, qui a invité les États Membres à s’efforcer de réduire de 50 % le nombre de blessés graves et de décès consécutifs à des accidents de la circulation routière entre 2020 et 2030.

A cet effet, le Gouvernement du Mali a pris l’initiative de réformes juridiques et institutionnelles qui se sont traduites par :  

  • L’adoption de la Loi n°2023-031 du 08 juin 2023 portant modification de l’Ordonnance n°09- 003/P-RM du 9 février 2009 portant création de l’Agence nationale de la Sécurité routière (ANASER) ;
  • La relecture du code de la route par la Loi n°2023-045 du 31 août 2023 régissant la circulation routière et le Décret n°2023- 0509/PT-RM du 12 septembre 2023 fixant les conditions de l’usage des voies ouvertes à la circulation publique et de la mise en circulation des véhicules.

La modification de l’acte constitutif de l’ANASER fait assumer à l’agence le statut d’organisme directeur de la sécurité routière et affirme le rôle éminent de coordination du ministre chargé des Transports.

Le nouveau code de la route confirme les règles et les principes posés par les anciens textes en matière de responsabilité et de compétence. Il aménage le régime des sanctions, notamment les contraventions et les pénalités applicables à la surcharge des véhicules de transport en commun. Il interdit expressément le transport mixte. Il réglemente le temps de conduite et de repos des conducteurs de véhicules, institue le contrôle de la vitesse par radar, du taux d’alcoolémie et du taux de consommation de la drogue.

Le nouveau code consacre en outre l’extension du domaine d’application des dispositions relatives au permis de conduire, au casque de protection et à la ceinture de sécurité. Il fixe les règles particulières applicables aux vélomoteurs soumis à l’assurance et aux motocyclettes, tricycles et quadricycles soumis au contrôle technique.

Le Gouvernement a en outre procédé, par le Décret n°2021-0772/PM-RM du 05 novembre 2021, à la création du Comité national de la Sécurité routière.

Les réformes qui s’offrent en perspective porteront sur les domaines ci-après :

  • L’institution du Fonds autonome de Sécurité routière, conformément à la Directive n° 12/CM/UEMOA ;
  • La création du Comité interministériel de Sécurité routière, qui assurera l’orientation et le suivi de l’action des services pour le renforcement de la sécurité routière ;
  • Le renforcement et l’amélioration du système d’information sur les accidents de la route par l’exploitation des données d’accidents de la circulation routière collectées par les services de la Santé et la Protection civile ;
  • La mise en place d’un système de vidéo-verbalisation, afin de dissuader les usagers enclins à commettre des infractions en l’absence des agents réglant la circulation routière.

Le Gouvernement du Mali est résolument engagé à relever les nombreux défis de la sécurité routière, dans un cadre partenarial inclusif. Sous ce regard, le forum prévu du 07 au 09 décembre 2023, sous le thème : « La sécurité routière, un défi transfrontalier », nous rappelle que l’insécurité routière ne peut être jugulée que par une synergie d’actions des acteurs nationaux et internationaux, étatiques et non étatiques.

Membre fondateur de l’Organisation pour la Sécurité routière en Afrique de l’Ouest (OSRAO), dont il assume la présidence depuis décembre 2016, le Mali accorde une importance capitale à ce rendez-vous du donner et du recevoir qui regroupera plus de deux cents (200) participants.

Le forum offre l’opportunité de réaffirmer toute la détermination du Mali à œuvrer avec l’ensemble de la communauté internationale pour l’atteinte de tous les objectifs de la sécurité routière.

La lancinante question de l’insécurité routière transcende le cadre restreint des Etats ; elle est devenue une préoccupation régionale et internationale, que l’Afrique prend en charge dans le cadre de la Charte africaine sur la sécurité routière citée plus haut. La déclaration de Stockholm, qui clôt la première décennie en février 2020, rappelle qu’aucun pays à faible niveau de revenu n’a réduit ses taux de mortalité et de morbidité routiers. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) signale que l’Afrique présente le nombre le plus élevé d’accidents avec un taux de mortalité moyen estimé à 27,5 pour 100 000 habitants alors qu’il est plus de trois fois plus faible dans les pays à revenu élevé.

Au vu des réalités ci-dessus sommairement décrites, j’exhorte l’ensemble des participants à s’investir pour établir un diagnostic complet de l’état de la sécurité routière dans les Etats d’Afrique, suivi de recommandations pertinentes tendant à promouvoir et renforcer la sécurité routière au Mali et en Afrique.

Le Mali accueille sous peu l’Afrique de la prévention routière. D’ores et déjà, je vous transmets les salutations cordiales du Président de la Transition, Chef de l’Etat, Son Excellence Colonel Assimi GOITA et du Premier ministre, Chef du Gouvernement, Docteur Choguel Kokalla MAIGA. Au bénéfice du soutien qu’ils apportent au forum, je vous souhaite labienvenueau bord du fleuve Djoliba, à Bamako, la capitale du pays de l’hospitalité par essence, la jatigiya, qui vous assure un agréable séjour, et où vous aurez envie de revenir. Je formule in fine le vœu ardent de plein succès pour les travaux du forum. Dieu vous bénisse.

Madame DEMBELE Madina SISSOKO,

Ministre des Transports et des Infrastructures du Mali.

Leave A Comment

Your Comment
All comments are held for moderation.